Cystocentèse et analyse urinaire en médecine zoologique

Cystocentèse et analyse urinaire en médecine zoologique

CYSTOCENTESIS AND URINALYSIS IN ZOO MEDICINE: AN UNDERESTIMATED TOOL FOR LARGE FELID STANDARD HEALTH CHECKS. Rauch-Schmücking, et al. JZWM. 2024; 55 (3):555-564. 

Arrow symbol images libres de droit, photos de Arrow symbol | DepositphotosArticle ici

Les maladies rénales chroniques (MRC) sont très répandues chez les félins sauvages mais encore mal comprises et souvent asymptomatiques pendant des années. Une cinétique des valeurs sériques de créatinine et de SDMA est généralement utilisée en médecine féline pour la détection précoce des maladies rénales, associée à la densité urinaire et au RPCU. La combinaison des analyses sanguines et urinaires permet d’améliorer et de rendre plus précoce la détection d’insuffisance rénales chez le chat domestique. De plus, la cystocentèse permet d’éliminer le risque de contamination post-vésicale de l’urine qui peut compliquer l’interprétation du résultat.

Cinquante félidés sauvages captifs (tigres, lions, léopards, guépards et lynx) ont été sélectionnés pour des bilans de santé sous anesthésie générale. Les protocoles anesthésiques ont été standardisés par espèce. Une analyse urinaire complète a été réalisée : bandelettes, mesure de densité urinaire et du RPCU, analyse cytologique et culture bactérienne. SDMA et créatinine plasmatique étaient mesurés en parallèle.

Aucune complication n’a été observée et des anomalies ont été détectées dans 60% des cas, avec seulement 3 individus présentant des signes cliniques (PUPD).  Une protéinurie (RPCU>0,4) ou limite [0,2-0,4] a été observée chez 49 % des individus avec 62 % d’origine rénale. Chez 80% des animaux, l’urine était concentrée. Une corrélation négative significative entre les marqueurs rénaux sériques et la densité urinaire a été mise en évidence. L’examen cytobactériologique de l’urine a révélé des anomalies dans 38% des cas (hématurie, pyurie, cristallurie et bactériurie.) L’analyse du sédiment urinaire est intéressante pour exclure une cause post-rénale de protéinurie et pour détecter des signes d’inflammation des voies urinaires qui peuvent également être un facteur contribuant à l’IRC. Un seul cas de bactériurie a été confirmé, la culture permet donc de différencier une pseudobactériurie diagnostiquée en cytologie (gouttelettes lipidiques, cristaux amorphes, débris de cytoplasme). Les infections bactériennes des voies urinaires semblent rares, comme chez les chats domestiques.

Une protéinurie a été détectée chez presque la moitié des individus. Il est donc intéressant de suivre l’évolution dans le temps en parallèle des valeurs de SDMA et créatinine plasmatique. La mesure de la densité urinaire est un outil très facile à réaliser, peu coûteux et informatif, potentiellement très intéressant pour détecter les MRC.

Une analyse d’urine complète, récoltée sous cystocentèse, est donc recommandée comme outil diagnostique standard dans les bilans de santé des félins non domestiques.

Image de Anaïs SAILLER

Anaïs SAILLER

Laisser un commentaire